Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
LE BOSSU.

— Tous les mots que vous voudrez, marquis.

— Ces paroles que vous avez prononcées : Il y a des fêtes qui n’ont point de lendemain, s’appliquaient-elles à moi personnellement ?

— Personnellement à vous.

— Veuillez me les traduire, monsieur.

— Marquis, je n’ai pas le temps.

— Si je vous y contraignais…

— Marquis, je vous en défie… M. de Chaverny tuant en combat singulier Ésope II, dit Jonas, locataire de la niche du chien de M. de Gonzague… ce serait pour mettre le comble à votre renommée !

Chaverny fit néanmoins un mouvement pour lui barrer le passage. Il avança la main pour cela. Le bossu la lui prit et la serra entre les siennes.

— Marquis, prononça-t-il à voix basse, vous valez mieux que vos actes… Dans mes courses en ce beau pays d’Espagne où tous les deux nous avons voyagé, je vis une fois un fait assez bizarre… un noble genet de guerre, conquis par des marchands juifs et parqué parmi les mulets de charge… c’était à Oviédo. Quand je repassai par là, le genet était mort à la peine… Marquis, vous n’êtes point à votre place : vous