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LE BOSSU.

pause, le souffle de toutes ces poitrines oppressées rendait un long murmure.

— Voici pour les témoins, reprit Lagardère ; le mort parlera ; j’ai fait serment : ma tête y est engagée… Quant aux preuves, elles sont là, mes preuves… dans vos mains, M. de Gonzague… mon innocence est dans cette enveloppe triplement scellée… Refusez donc de croire à la Providence qui vous foudroie… vous avez produit ce parchemin, vous-même, instrument de votre perte !… vous ne pouvez pas le retirer… il appartient à la justice, et la justice vous presse ici de toutes parts… Pour vous procurer cette arme qui va vous frapper, vous avez pénétré dans ma demeure, comme un voleur de nuit… vous avez brisé la serrure de ma porte et crocheté ma cassette… vous ! le prince de Gonzague !…

— Monseigneur !… fit ce dernier dont les yeux s’injectaient de sang.

— Défendez-vous, prince ! s’écria Lagardère d’une voix vibrante ; — ne demandez pas qu’on me ferme la bouche !… on nous laissera parler tous deux… vous comme moi… moi comme vous… parce que la mort est entre nous deux… et que Son Altesse Royale l’a dit : La parole des mourants est sacrée !

Il avait la tête haute. — Gonzague saisit