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LE BOSSU.

masquait derrière ce stratagème audacieux ?

Pour la première fois de sa vie, Gonzague eut dans les veines ce froid que donne le danger terrible et inconnu. Il sentait sous ses pieds une mine prête à éclater. Mais il ne savait pas où la chercher pour en prévenir l’explosion.

L’abîme était là, mais où ? Il faisait nuit, chaque pas pouvait le précipiter au fond.

Chaque mouvement pouvait le trahir. Il devinait tous les regards fixés sur lui.

Un effort puissant lui garda son calme. Il attendit.

— C’est chose inusitée, dit le président de Lamoignon.

Gonzague eût voulu se jeter à son cou.

— Quels motifs madame la princesse peut-elle donner ?… commença le maréchal de Villeroy.

— Je m’adresse à Son Altesse Royale, interrompit madame de Gonzague ; la justice a mis vingt ans à trouver le meurtrier de Nevers… la justice doit bien quelque chose à la victime qui attendit si longtemps sa vengeance… Mademoiselle de Nevers, ma fille, ne peut entrer dans cette maison qu’après cette satisfaction hautement rendue… et moi, je me refuse à toute joie tant que je n’aurai pas vu l’œil sévère de nos aïeux regarder du