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LE BOSSU.

Aurore de Caylus se leva.

— Monseigneur, dit-elle, j’ai ma fille et j’ai les preuves de sa naissance… Regardez-moi, vous tous qui avez vu mes larmes, et vous comprendrez à ma joie que j’ai retrouvé mon enfant.

— Ces preuves dont vous parlez, madame…, commença le président de Lamoignon.

— Ces preuves seront soumises au conseil, interrompit la princesse, aussitôt que Son Altesse Royale aura accordé la requête que la veuve de Nevers lui a humblement présentée.

— La veuve de Nevers, répondit le régent, ne m’a jusqu’ici présenté aucune requête.

La princesse tourna vers Gonzague son regard assuré.

— C’est une grande et belle chose que l’amitié, dit-elle ; depuis deux jours tous ceux qui s’intéressent à moi me répètent : N’accusez pas votre mari… n’accusez pas votre mari… Cela signifie sans doute qu’une illustre amitié fait à M. le prince un rempart impénétrable… Je n’accuserai donc point… mais je dirai que j’ai adressé à Son Altesse Royale une humble supplication… et qu’une main… je ne sais laquelle… a détourné mon message.

Gonzague laissait errer autour de ses lèvres un sourire calme et résigné.