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LE BOSSU.

Chaverny prit le bras de Navailles.

— Que faire à ce drôle !… grommela-t-il ; allons-nous-en !

Les vieux seigneurs riaient de bon cœur. Nos joueurs s’éloignèrent les uns après les autres.

— Et après avoir montré au doigt, reprit le bossu qui se retourna vers Rohan-Chabot et ses vénérables compagnons, les fabricants de fausses nouvelles, les réaliseurs, les escamoteurs de la hausse, les jongleurs de la baisse… toute l’armée de saltimbanques qui bivaque à l’hôtel de Gonzague, je montrerai encore à M. le régent… au doigt, messieurs, au doigt !… les ambitions déçues, les rancunes envenimées… au doigt !… ceux dont l’égoïsme ou l’orgueil ne peut s’habituer au silence… les cabaleurs inquiets, les écervelés en cheveux blancs qui voudraient ressusciter la Fronde… les suivants de madame du Maine… les habitués de l’hôtel de Cellamare… au doigt !… les conspirateurs ridicules ou odieux qui vont entraîner la France dans je ne sais quelle guerre extravagante pour reconquérir des places perdues ou des honneurs regrettés !… les calomniateurs de ce qui est, les polichinelles qui s’intitulent eux-mêmes les débris du grand siècle, les Géronte…

Le bossu n’avait plus d’auditeurs. Les deux