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LE BOSSU.

— Ce soir, prononça-t-il en baissant la voix, — la nuit n’est pas encore assez sombre pour cacher vos pâleurs… regardez-vous les uns les autres, frémissants, inquiets… pris comme dans un piége entre ma victoire et ma défaite… ma victoire, qui lave les souillures de vos armoiries ; ma défaite, qui vous mène amuser les badauds en place de Grève… regardez-vous, vos costumes valent vos figures… Qui êtes-vous ? des gentilshommes… non !… des bandits… c’est moi qui vous le dit : moi, votre capitaine !

Il était arrivé en face de la porte conduisant au vestibule où étaient les gardes du régent.

Il toucha le bouton à son tour.

— J’ai dit, prononça-t-il froidement ; — le repentir expie tout, et vous me semblez pris de chrétiennes pensées… Gentilshommes ou bandits, vous pouvez vous faire martyrs en passant le seuil de cette porte… Voulez-vous que je l’ouvre ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Que faut-il faire, monseigneur ? demanda Montaubert le premier.

Gonzague les toisa les uns après les autres.

— Un seul a parlé, dit-il, — les autres sont-ils prêts ?

— Tous prêts…, murmura Taranne.