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LE BOSSU.

Il se découvrit dévotement, au nom de Law, et poursuivit :

— Au doigt, les pipeurs de dés, les chevaliers de l’agio, les danseurs de la rue Quincampoix, au doigt !… M. le régent est bon prince, et le préjugé ne l’étouffe point… mais il ne sait pas tout… s’il savait tout, il aurait grande honte.

Un murmure s’éleva parmi nos joueurs.

M. de Rohan dit :

— Ceci est la vérité.

— Bravo ! applaudirent le baron de la Hunaudaye et le baron de Barbanchois.

— N’est-ce pas, messieurs, reprit le bossu ; la vérité, cela se dit toujours en riant… Ces jeunes gens ont bonne envie de me jeter dehors, mais ils se retiennent par respect pour votre âge… Je m’en rapporte à MM. de Chaverny, Oriol, Taranne et autres… belle jeunesse où la noblesse un peu déchue se mêle à la roture mal savonnée… comme les fils de diverses couleurs dans le tricot poivre et sel… Pour Dieu ! ne vous fâchez pas, mes illustres maîtres : nous sommes au bal masqué, et je ne suis qu’un pauvre bossu… Demain, vous me jetterez un écu pour acheter mon dos transformé en pupitre… Vous haussez les épaules ? à la bonne heure ! je ne mérite en conscience que votre dédain !