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LE BOSSU.

ment !… nous formerons autour de vous un bataillon sacré… Qui fredonnait cette chanson dont tous les traîtres savent l’air ?… Était-ce vous ou moi ?… Au premier souffle de l’orage, je cherche en vain un soldat, un seul soldat de la phalange sacrée… Où êtes-vous, mes fidèles ?… En fuite ?… Pas encore !… Par la mort-Dieu !… je suis derrière vous et j’ai mon épée pour la mettre dans le ventre des fuyards. Silence, mon cousin de Navailles ! s’interrompit-il tout à coup au moment où celui-ci ouvrait la bouche pour parler ; je n’ai plus ce qu’il faut de sang-froid pour écouter vos rodomontades… Vous vous êtes donnés à moi tous, librement et complètement… je vous ai pris… je vous garde… Ah ! ah !… c’en est trop, dites-vous ! ah ! ah !… nous dépassons le but… ah ! ah ! il nous faudra choisir des sentiers tout exprès pour que vous y vouliez bien marcher, mes gentilshommes… Ah ! ah ! vous me renvoyez à Gauthier Gendry, vous, Navailles, qui vivez de moi, vous, Taranne, gorgé de mes bienfaits ; vous, Oriol, bouffon qui grâce à moi passez pour un homme… Vous tous enfin, mes clients, mes créatures, — mes esclaves, — puisque vous vous êtes vendus, et puisque je vous ai achetés.