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LE BOSSU.

sa poitrine et restait seul calme au milieu de toutes ces mines effarées.

— Ne voyez-vous pas, reprit-il en les couvrant tous et chacun d’eux de son dédaigneux regard, — ne voyez-vous pas que je vous attendais là, honnêtes gens que vous êtes ?… Ne vous a-t-on pas dit que j’avais eu le régent à moi tout seul depuis huit heures jusqu’à midi ?… N’avez-vous pas su que le vent de la faveur souffle sur moi, fort comme la tempête… si fort qu’il me brisera peut-être, mais vous avant moi, mes fidèles, je vous le jure ?… Si c’est aujourd’hui mon dernier jour de puissance, je n’ai rien à me reprocher, j’ai bien employé mon dernier jour !… Vos noms, tous vos noms forment une liste ; la liste est sur le bureau de M. de Machault… que je dise un mot ; cette liste ne contient que des noms de grands seigneurs… un autre mot, cette liste est toute composée de noms de proscrits !…

— Nous en courrons la chance ! dit Navailles.

Mais ceci fut prononcé d’une voix faible, et les autres gardèrent le silence.

— Nous vous suivrons ! nous vous suivrons, monseigneur ! continua Gonzague, répétant les paroles dites quelques jours auparavant ; — nous vous suivrons docilement, aveuglément, vaillam-