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LE BOSSU.
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Oriol, le gros petit traitant, Taranne, le baron de Batz et les autres auraient donné Gonzague pour moins de trente deniers.

Ce n’étaient point des scélérats ; il n’y avait même, à vrai dire, aucun scélérat parmi eux. C’étaient des joueurs fourvoyés.

Si l’on plaide jamais ainsi devant vous la cause de quelque bon garçon, tenez vos mains sur vos goussets.

Gonzague les avait pris comme ils étaient. Ils avaient marché dans la voie de Gonzague, de gré d’abord, ensuite de force.

Le crime ne leur plaisait pas ; mais c’était le danger qui, pour la plupart, les refroidissait.

Gonzague savait cela parfaitement. Il ne les eût point troqués pour de plus déterminés coquins. C’était précisément ce qu’il lui fallait.

Ils entrèrent tous à la fois. Ce qui les frappa d’abord, ce fut la triste mine du factotum et l’aspect hautain du maître. Depuis une heure qu’ils attendaient au salon, Dieu sait combien d’hypothèses avaient été mises sur le tapis. On avait examiné à la loupe la position de Gonzague. Quelques-uns étaient venus avec des idées de révolte, car la nuit précédente avait laissé de sinistres impressions dans les esprits ; mais il