Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/631

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
LE BOSSU.

reuse habileté, se faisait voir hautement sur son visage. Ses cheveux noirs, que le barbier n’avait point ramenés savamment sur ses tempes, laissaient à découvert la fuite désolée de son front et les rides groupées aux coins de ses sourcils. Sa haute taille s’affaissait comme celle d’un vieillard, et ses mains tremblaient en agrafant sa cuirasse.

— Il est condamné ! se disait-il ; le régent a laissé faire cela… sa paresse de cœur va-t-elle à ce point, ou bien ai-je réellement réussi à le persuader ? J’ai maigri du haut, interrompit-il ; ma cotte de mailles est maintenant trop large pour ma poitrine… J’ai grossi du bas : ma cotte de mailles est trop étroite pour ma taille. Est-ce décidément la vieillesse qui vient ?… C’est un être bizarre, reprit-il ; un prince pour rire… quinteux, fainéant, poltron… s’il ne prend pas les devants, bien que je sois l’aîné, je crois que je resterai le dernier des trois Philippe !… Il a eu tort !… Par la mort-Dieu ! il a eu tort. Quand on a mis le pied sur la tête d’un ennemi, il ne faut pas le retirer, surtout quand cet ennemi a nom Philippe de Mantoue !…

Il se prit à sourire en regardant la cuirasse qui miroitait faiblement aux derniers rayons du