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LE BOSSU.

est soucieux ce soir… et voilà pourquoi la garde du palais est doublée.

Il salua et fit mine de sortir.

— Ce nom ? s’écria Chaverny.

— Ce fameux nom ? appuya Oriol.

— Ne voyez-vous pas, voulut dire Peyrolles, que l’impudent bouffon s’est moqué de vous ?

Le bossu s’était arrêté au seuil de la tente. Il mit le binocle à l’œil et regarda son auditoire. Puis il revint sur ses pas en riant de son petit rire sec comme un cri de crécelle.

— La la ! fit-il, voilà que vous n’osez plus vous approcher les uns des autres… chacun croit que son voisin est le meurtrier… touchant effet de la mutuelle estime !… Messieurs, les temps sont bien changés, la mode n’y est plus… De nos jours, on ne se tue plus guère avec ces armes brutales de l’ancien régime : le pistolet ou l’épée… nos âmes sont dans nos portefeuilles ; pour tuer un homme, il suffit de vider sa poche… Eh ! eh ! eh !… Dieu merci, les assassins sont rares à la cour du Régent !… ne vous écartez pas ainsi les uns des autres… l’assassin n’est pas là… Eh ! eh ! eh ! s’interrompit-il, tournant le dos aux vieux seigneurs pour s’adresser seulement à la bande de Gonzague, vous voici maintenant avec des mines d’une aune… avez-vous donc des re-