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LE BOSSU.

— Madame, dit le prisonnier quand ils furent seuls, à chaque instant cette porte peut s’ouvrir et j’ai encore plusieurs choses à vous dire… Je vous crois sincère… vous m’avez pardonné… Mais consentirez-vous à exaucer la prière du mourant… ?

— Que vous viviez ou que vous mouriez, répondit la princesse, et vous vivriez s’il ne fallait que donner tout mon sang pour cela… Je vous jure sur l’honneur que je ne vous refuserai rien… — Rien !… répéta-t-elle après un silence de réflexion ; je cherchais s’il y avait au monde une chose que je pusse vous refuser… il n’y en a pas.

— Écoutez-moi donc, madame… et que Dieu vous récompense pour l’amour de votre chère enfant !… Je suis condamné à mort, je le sais, bien qu’on ne m’ait point encore lu ma sentence… Il n’y a point d’exemple qu’on ait appelé des souveraines sentences de la chambre ardente… Je me trompe… il y a un exemple : sous le feu roi, le comte de Bossut, condamné pour l’empoisonnement de l’électeur de Hesse, eut la vie sauve, parce que l’Italien Grimaldi, déjà condamné pour d’autres crimes, écrivit à madame de Maintenon et se déclara coupable… Mais notre vrai coupable à nous, ne fera point pareil