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LE BOSSU.

La princesse baissa les yeux. Aurore cacha sa tête dans son sein.

— Dieu m’a puni, poursuivit Lagardère ; Dieu est juste… je vais mourir…

— Mais, n’y a-t-il donc aucun recours ? s’écria la princesse qui sentait sa fille faiblir entre ses bras.

— Mourir ! continua Lagardère, au moment où ma vie si longtemps éprouvée allait s’épanouir comme une fleur !… J’ai mal fait : le châtiment est cruel… Dieu s’irrite d’autant plus contre ceux qui ternissent une bonne action par une faute… Je me disais cela dans ma prison : quel droit avais-je de me défier de vous, madame ?… J’aurais dû vous l’amener joyeux et souriant par la grande porte de votre hôtel… J’aurais dû vous laisser l’embrasser à votre aise… puis, elle vous aurait dit : Il m’aime, il est aimé… et moi, je serais tombé à vos genoux… en vous priant de nous bénir tous deux…

Il se mit lentement à genoux. Aurore fit comme lui.

— Et vous l’auriez fait, n’est-ce pas, madame ? acheva Lagardère.

La princesse hésitait, non point à bénir, mais à répondre.

— Vous l’auriez fait, ma mère, dit tout bas