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LE BOSSU.

— La missive a une apparence lugubre, dit-il, — mais ne vous effrayez pas… quand on n’a ni encre ni papier pour écrire…

— Il vit ! murmura Aurore en poussant un grand soupir.

Puis, ses beaux yeux pleins de larmes, levés vers le ciel, remercièrent Dieu.

Elle prit des mains de Chaverny le mouchoir teint de sang et le pressa passionnément contre ses lèvres.

La princesse détourna la tête. Ce devait être la dernière révolte de sa fierté.

Aurore essaya de lire, — mais ses pleurs l’aveuglaient et, d’ailleurs, le linge avait bu. Les caractères étaient presque indéchiffrables.

Madame de Gonzague, dona Cruz et Chaverny voulurent lui venir en aide. Ces larges hiéroglyphes, mêlés et fondus, furent muets pour eux.

— Je lirai ! dit Aurore en essuyant ses yeux avec le mouchoir lui-même.

Elle s’approcha de la fenêtre et s’agenouilla devant la batiste étendue.

Elle lut en effet :

« À madame la princesse de Gonzague… que je voie Aurore encore une fois avant de mourir !… »