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LE BOSSU.

dérobant, comme on disait alors, une demi-douzaine de baisers, il la mit à l’écart.

— Je ne sais pas le chemin, poursuivit-il, — mais le dieu des aventures me guidera… avez-vous lu les romans de la Calprenède ?… un homme qui porte un message écrit avec du sang sur un chiffon de batiste ne passe-t-il pas partout ?…

— Un message… écrit avec du sang !… répéta dona Cruz qui ne riait plus.

Chaverny était déjà dans le salon. La gitanita courut après lui, mais elle ne put l’empêcher d’ouvrir la porte de l’oratoire et de pénétrer chez la princesse à l’improviste.

Ici, les manières de Chaverny changèrent un petit peu. Ces fous savaient leur monde.

— Madame ma noble cousine, dit-il en restant sur le seuil et respectueusement incliné, je n’ai jamais eu l’honneur de mettre mes hommages à vos pieds et vous ne me connaissez pas. — Je suis le marquis de Chaverny, cousin de Nevers, par mademoiselle de Chaneilles, ma mère…

À ce nom de Chaverny, Aurore, effrayée, s’était serrée contre sa mère.

Dona Cruz venait de rentrer derrière le marquis.