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LE BOSSU.

Chaverny se releva et l’embrassa franchement, comme Frontin embrasse Lisette au théâtre.

— Vous ferez la plus ravissante marquise du monde ! s’écria-t-il ; — c’est entendu… ne croyez pas que j’agisse à la légère… j’ai réfléchi à cela tout le long du chemin.

— Mais, mon consentement ?… objecta dona Cruz.

— J’y ai songé !… si vous ne consentez pas, je vous enlève… Or çà, ne parlons pas plus longtemps d’une affaire conclue… J’apporte ici de bien importantes nouvelles… Je veux voir madame de Gonzague.

— Madame de Gonzague est avec sa fille, répliqua dona Cruz ; — elle ne reçoit pas.

— Sa fille ! s’écria Chaverny ; — mademoiselle de Nevers !… ma femme d’hier soir !… Charmante enfant, vive Dieu !… Mais c’est vous que j’aime et que j’épouse aujourd’hui… Écoutez-moi bien, adorée, je parle sérieusement : puisque mademoiselle de Nevers est avec sa mère, raison de plus pour que je sois introduit.

— Impossible ! voulut dire la gitanita.

— Rien d’impossible aux chevaliers français !… prononça gravement Chaverny.

Il prit dona Cruz dans ses bras, et, tout en lui