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LE BOSSU.

tout exceptionnelle. Le mort faisait partie d’une sorte de trinité dont deux membres étaient vivants et tout puissants : Philippe d’Orléans et Philippe de Gonzague.

Le fait certain, c’est que vous eussiez dit, à voir l’intérêt éveillé sur toutes les physionomies, qu’il était question d’un meurtre commis hier.

Si l’intention du bossu avait été de ressusciter l’émotion de ce drame mystérieux et lointain, il avait succès complet.

— Eh ! eh ! fit-il en jetant à la ronde un coup d’œil rapide et perçant ; eh ! eh !… s’en remettre au Ciel, c’est le pis aller… je sais des gens sages qui ne dédaignent point cette suprême ressource… Eh ! eh ! franchement, messieurs, on pourrait choisir plus mal… le Ciel a des yeux encore meilleurs que ceux de la police… le ciel est patient… il a le temps… il tarde parfois… des jours se passent, des mois, des années… mais quand l’heure est venue…

Il s’arrêta. Sa voix vibrait sourdement.

L’impression produite par lui était si vive et si forte, que chacun la subissait comme si la menace implicite, voilée sous sa parole aiguë, eût été dirigée contre tout le monde à la fois.

Il n’y avait là qu’un coupable, un subalterne, un instrument : Peyrolles.