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LE BOSSU.

— Vous êtes bonne, ma mère…, commença Aurore.

Elles s’asseyaient. Madame de Gonzague lui ferma la bouche d’un baiser.

— Je t’aime, voilà tout, dit-elle ; tout à l’heure j’avais peur de toi… maintenant je ne crains rien : j’ai un talisman.

— Quel talisman ? demanda la jeune fille qui souriait.

La princesse la contempla un instant en silence, puis elle répondit :

— L’aimer pour que tu m’aimes.

Aurore se jeta dans ses bras.

Dona Cruz cependant avait traversé le salon de madame de Gonzague et arrivait à l’antichambre, lorsqu’un grand bruit vint frapper ses oreilles. On se disputait vivement sur l’escalier. Une voix qu’elle crut vaguement reconnaître gourmandait les valets et caméristes de madame de Gonzague. Ceux-ci, qui semblaient massés en bataillon de l’autre côté de la porte, défendaient l’entrée du sanctuaire.

— Vous êtes ivre !… disaient les laquais, tandis que la voix aiguë des chambrières ajoutait : Vous avez du plâtre plein vos chausses et de la paille dans vos cheveux… belle tenue pour se présenter chez une princesse !…