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LE BOSSU.

est une princesse, je suis une pauvre fille : c’est ce qui me donne le droit de parler haut à ma mère… Si ma mère était une pauvre femme, faible, abandonnée, je ne me serais pas relevée encore et je ne lui aurais parlé qu’à genoux !

Elle baisa les mains de la princesse qui la contemplait avec admiration.

C’est qu’elle était belle ! C’est que cette angoisse profonde qui torturait son cœur sans abaisser sa fierté, mettait une auréole à son front de vierge !

Vierge, nous avons bien dit, mais vierge-épouse, ayant toute la force et toute la majesté de la femme.

— Il n’y a que toi au monde pour moi, ma fille, dit la princesse ; si je ne t’ai pas, je suis faible et je suis abandonnée… Juge-moi, mais avec la pitié qu’on doit à ceux qui souffrent… Tu me reproches de ne point avoir arraché le bandeau qui aveuglait ta raison… mais tu m’aimais quand tu avais le délire… et c’est vrai ! c’est vrai !… je craignais ton réveil !…

Aurore glissa un regard du côté de la porte.

— Est-ce que tu veux me quitter ? s’écria la mère effrayée.

— Il le faut, répondit la jeune fille ; quelque