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LE BOSSU.

— Tu me brises le cœur, enfant… je te demande pitié.

— L’ont-ils tué ? répéta Aurore.

— Lui ! toujours lui ! s’écria la princesse en se tordant les mains ; dans le cœur de cette enfant il n’y a plus de place pour l’amour de sa mère !

Aurore avait les yeux fixés au sol.

— Elles ne veulent pas me dire si on me l’a tué ! pensa-t-elle tout haut.

La princesse tendit les bras vers elle, puis se renversa en arrière, évanouie.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Aurore tenait les deux mains de sa mère. Son visage était pourpre, son œil tragique.

— Sur mon salut, je vous crois, madame, dit-elle ; vous n’avez rien fait contre lui… et c’est tant mieux pour vous, si vous m’aimez comme je vous aime… Si vous aviez fait quelque chose contre lui…

— Aurore ! Aurore ! interrompit dona Cruz, qui lui mit sa main sur la bouche.

— Je parle, interrompit à son tour mademoiselle de Nevers avec une dignité hautaine ; je ne menace pas… nous nous connaissons depuis quelques heures seulement, ma mère et moi : il est bon que nos cœurs se mettent à nu… Ma mère