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LE BOSSU.

voulut venger son meilleur ami… mais le moyen ?… Le château de Caylus est au bout du monde… la nuit du 24 novembre garda son secret… Il va sans dire que M. le prince de Gonzague… — N’y a-t-il point ici, s’interrompit le petit homme noir, un digne serviteur de M. de Gonzague qui a nom M. de Peyrolles ?

Oriol et Nocé se rangèrent pour découvrir le factotum un peu décontenancé.

— J’allais ajouter, reprit le bossu : il va sans dire que M. le prince de Gonzague, qui était également un des trois Philippe, dut remuer ciel et terre pour venger son ami… Mais tout fut inutile… nul indice !… nulle preuve !… Bon gré, malgré, il fallut s’en remettre au temps, c’est-à-dire à Dieu, du soin de trouver le coupable !…

Peyrolles n’avait plus qu’une pensée : s’esquiver pour aller prévenir Gonzague. Il resta pour savoir jusqu’où le bossu pousserait l’audace dans sa trahison.

Peyrolles, en voyant revenir sur l’eau le souvenir du 24 novembre, éprouvait un peu la sensation d’un homme qu’on étrangle.

Le bossu avait raison. La cour n’a point de mémoire. Les morts de vingt années sont vingt fois oubliés. Mais il y avait ici une circonstance