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LE BOSSU.

— Veux-tu la répéter avec moi, ta prière ? demanda la princesse, saisissant cette diversion avec avidité.

— Oui, ma mère… attendez !… Il y a autre chose…

— Notre père qui êtes aux cieux…, commença madame de Gonzague en joignant les mains d’Aurore entre les siennes.

— Notre Père qui êtes aux cieux…, répéta Aurore comme un petit enfant.

— Que votre nom soit sanctifié…, continua la mère.

Aurore, cette fois, au lieu de répéter, se roidit.

— Il y a autre chose, murmura-t-elle encore, tandis que ses doigts crispés pressaient ses tempes mouillées de sueur. — Autre chose… Flor ! tu le sais, dis-le moi…

— Petite sœur…, balbutia la gitanita.

— Tu le sais ! tu le sais, dit Aurore dont les yeux battirent et devinrent humides. — Oh ! personne ne veut donc venir à mon secours ?…

Elle se redressa tout à coup et regarda sa mère en face.

— Cette prière !… prononça-t-elle en saccadant ses mots ; cette prière… est-ce vous qui me l’avez apprise, ma mère ?