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LE BOSSU

— Oui… je souffre bien… j’ai peur… horriblement, ma mère… et je ne sais pas… je ne sais pas…

Il y avait des larmes dans sa voix ; ses deux belles mains pressaient son front.

La princesse sentit comme un choc intérieur dans cette poitrine qu’elle collait à la sienne.

— Oh !… oh !… fit par deux fois Aurore. Laissez-moi… c’est à genoux qu’il me faut vous contempler, ma mère… Je me souviens… chose inouïe ! tout à l’heure, je pensais n’avoir jamais quitté votre sein…

Elle regarda la princesse avec des yeux effarés.

Celle-ci essaya de sourire, mais son visage exprimait l’épouvante.

— Qu’avez-vous ? qu’avez-vous, ma mère ? demanda Aurore ; vous êtes contente de m’avoir retrouvée, n’est-ce pas ?

— Si je suis contente, enfant adorée !…

— Oui… c’est cela… vous m’avez retrouvée… Je n’avais pas de mère…

— Et Dieu qui nous a réunies, ma fille, ne nous séparera plus !

— Dieu ?… fit Aurore dont les yeux agrandis se fixaient dans le vide ; Dieu ?… Je ne pourrais pas le prier en ce moment… je ne sais plus ma prière…