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LE BOSSU.

— J’y songeais, Flor, mon petit cœur !… mais il y a une chose qui m’empêche de relire ces lignes que j’ai si ardemment baisées… Elle est sévère, ma fille ! Il y a des menaces là-dedans ! quand elle vient à soupçonner que l’obstacle entre elle et son ami, c’est sa mère… sa parole devient tranchante comme une épée… nous avons lu cela ensemble : tu te souviens de ce qu’elle dit… elle parle des mères orgueilleuses…

La princesse eut un frisson par tout le corps.

— Mais vous n’êtes pas de ces mères-là, madame ! dit dona Cruz qui l’observait.

— Je l’ai été !… murmura Aurore de Caylus en cachant son visage dans ses mains.

À l’autre bout de la chambre, Aurore de Nevers s’agita sur son lit de jour. — Des paroles indistinctes s’échappèrent de ses lèvres.

La princesse tressaillit, — puis elle se leva et traversa la chambre sur la pointe des pieds.

Elle fit signe à dona Cruz de la suivre, comme si elle eût senti le besoin d’être accompagnée et protégée.

Cette préoccupation qui perçait en elle sans cesse parmi sa joie, cette crainte, ce remords, cet esclavage, quel que soit le nom qu’on veuille donner aux bizarres angoisses qui étreignaient le