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LE BOSSU.

ries qui entourent Pampelune, les jours de repos… il se faisait enfant pour jouer avec elle… Est-ce un homme qui doit agir ainsi ? cela n’appartient-il pas à la mère ? Quand il rentrait après le travail, il apportait un jouet, une friandise… qu’eussé-je fait de mieux si j’avais été pauvre, en pays étranger, avec mon enfant ?… Il savait bien qu’il me prenait, qu’il me volait toute sa tendresse !

— Oh ! madame !… voulut interrompre la gitanita.

— Vas-tu le défendre ? fit la princesse qui lui jeta un regard de défiance ; es-tu de son parti ?… Je le vois, se reprit-elle avec un amer découragement ; tu l’aimes mieux que moi, toi aussi…

Dona Cruz éleva la main qu’elle tenait jusqu’à son cœur.

Deux larmes jaillirent des yeux de la princesse.

— Oh ! cet homme ! balbutia-t-elle parmi ses pleurs ; je suis veuve… il ne me restait que le cœur de ma fille… il m’a pris le cœur de ma fille !…

Dona Cruz resta muette devant cette suprême injustice de l’amour maternel.

Elle comprenait cela, cette fille ardente au plaisir, cette folle qui voulait jouer hier avec le