Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/574

Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
LE BOSSU.

l’avais retrouvée ainsi ?… Mon Dieu ! mon Dieu ! que la raison est folle !… l’autre jour je disais : Si la fille de Nevers avait oublié un instant la fierté de sa race… Non, je n’achèverai pas… J’ai froid dans les veines en songeant que Dieu aurait pu me prendre au mot… Viens remercier Dieu, Flor, ma gitanita, viens…

Elle l’entraîna vers l’autel et s’y agenouilla.

— Nevers ! Nevers ! s’écria-t-elle, j’ai ta fille !… j’ai notre fille !… Dis à Dieu de voir la joie et la reconnaissance de mon cœur.

Certes, son meilleur ami ne l’eût point reconnue. Le sang revenu colorait vivement sa joue. Elle était jeune, elle était belle ; son regard brillait ; sa taille souple ondulait et frémissait. Sa voix avait de doux et délicieux accents.

Elle resta un instant perdue dans son extase.

— Es-tu chrétienne, Flor ? reprit-elle ; oui, je me souviens… elle le dit… tu es chrétienne… Comme notre Dieu est bon, n’est-ce pas ?… donne-moi tes deux mains et sens mon cœur…

— Ah ! fit la pauvre gitanita qui fondait en larmes, si j’avais une mère comme vous, madame !

La princesse l’attira contre son cœur encore une fois.

— Te parlait-elle de moi ?… demanda-t-elle ;