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LE BOSSU.

pour se rendre sans fatigue au lieu de sa destination.

C’était bien cette même chambre à l’ameublement sévère et triste, où nous avons vu pour la première fois madame la princesse de Gonzague dans la matinée qui précéda la réunion du tribunal de famille ; c’était bien le même deuil extérieur ; l’autel tendu de noir, où se célébrait quotidiennement le sacrifice funèbre en mémoire du feu duc de Nevers, montrait toujours sa large croix blanche aux lueurs des six cierges allumés.

Mais quelque chose était changé. Un élément de joie, timide encore et perceptible à peine, s’était glissé parmi ces aspects lugubres ; je ne sais quel sourire éclairait vaguement ce deuil.

Il y avait des fleurs aux deux côtés de l’autel. Et pourtant on n’était point au quatrième jour de mai, fête de l’époux décédé.

Les rideaux, ouverts à demi, laissaient passer un doux rayon du soleil d’automne. À la fenêtre pendait une cage où babillait un gentil oiseau.

Un oiseau que nous avons vu déjà et entendu à la fenêtre basse qui donnait sur la rue Saint-Honoré, au coin de la rue du Chantre.

L’oiseau qui, naguère, égayait la solitude de cette charmante inconnue dont l’existence mystérieuse empêchait de dormir madame Balahault,