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LE BOSSU.

causeries, à deux pas de la table de jeu, il n’y avait point place pour ces vagues terreurs qui prennent parfois les braves de l’épée et même les esprits forts, ces spadassins de la pensée.

Pourtant, il y eut un froid dans les veines, quand le bossu prononça ce mot revenant. Il riait en disant cela, le petit homme noir, mais sa gaieté donnait le frisson.

Il y eut un froid, malgré le flot ruisselant des lumières, malgré le bruit joyeux du jardin, malgré la molle harmonie que l’orchestre envoyait de loin.

— Eh ! eh ! fit le bossu, qui croit aux revenants ?… Personne, à midi, dans la rue… tout le monde, à minuit au fond de l’alcôve solitaire, quand la veilleuse s’est éteinte par hasard… Il y a une fleur qui s’ouvre au regard des étoiles… la conscience est une belle-de-nuit… Rassurez-vous, messieurs, je ne suis pas un revenant.

— Vous plaît-il de vous expliquer, oui ou non, beau masque ? prononça M. de Rohan-Chabot qui se leva.

Le cercle s’était fait autour du petit homme noir. Peyrolles se cachait au second rang, mais il écoutait de toutes ses oreilles.

— Monsieur le duc, répondit le bossu, nous ne sommes pas plus beau l’un que l’autre ;