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LE BOSSU.

La porte massive roula sur ses gonds. Deux hommes, un porte-clefs et un gardien s’effacèrent pour laisser passer un troisième personnage qui avait un brillant costume de cour.

— Ne vous éloignez pas, dit ce dernier en poussant la porte derrière lui.

C’était M. de Peyrolles, dans tout l’éclat de sa riche toilette. Nos deux braves le reconnurent du premier coup d’œil et continuèrent de faire assaut sans autrement s’occuper de lui.

Ce matin, en quittant la petite maison, ce bon M. de Peyrolles avait recompté son trésor. À la vue de tout cet or si bien gagné, de toutes ces actions si proprement casées dans les coins de sa cassette, le factotum avait encore eu l’idée de quitter Paris et de se retirer au sein des tranquilles campagnes pour goûter le bonheur des propriétaires. L’horizon lui semblait se rembrunir et son instinct lui disait : « Pars !… » mais il ne pouvait y avoir grand danger à rester vingt-quatre heures de plus.

Ce sophisme perdra éternellement les avides : « C’est court vingt-quatre heures ! »

Ils ne songent pas qu’il y a là dedans mille quatre cent quarante minutes dont chacune contient soixante fois plus de temps qu’il n’en faut à un coquin pour rendre l’âme !