Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/537

Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
LE BOSSU.

pour voir passer, comme en un rêve, le nez retroussé de mademoiselle Nivelle, la fille du Mississipi, les yeux ardents de dona Cruz, les beaux cheveux de la Fleury et l’agaçant sourire de Cidalise. S’il avait bien su, ce Passepoil, la composition du paradis de Mahomet, désertant aussitôt la foi de ses pères, il se serait fait musulman. Ses passions l’avaient conduit là ! Et pourtant, il avait des qualités.

Chaverny songeait, lui aussi, mais autrement. Il était vautré sur sa paille, les habits en désordre, la chevelure ébouriffée. Il s’agitait comme un beau diable.

— Encore un coup, bossu ! disait-il, et ne triche pas !… Tu fais semblant de boire, coquin !… Je vois le vin qui coule sur ton jabot ! Palsambleu ! reprenait-il, Oriol n’a-t-il pas assez d’une tête joufflue et insipide ?… Je lui en trouve deux… trois… cinq… sept… comme à l’hydre de Lerne !… Allons, bossu… qu’on apporte deux tonnes… toutes deux bien pleines… Tu boiras l’une et moi l’autre, éponge que tu es !… Mais, vivedieu ! retirez cette femme qui s’assied sur ma poitrine ! elle est lourde !… Est-ce une femme ? Je dois être marié.

Ses traits exprimèrent un mécontentement subit.