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LE BOSSU.

un billot, une cruche, un pain, une botte de paille.

On lui avait laissé ses éperons. Il en détacha un, et se piqua le bras à l’aide de l’ardillon de la boucle. Cela lui donna de l’encre. Un coin de son mouchoir servit de papier ; un brin de paille fit office de plume.

Avec de pareils ustensiles, on écrit lentement et peu lisiblement ; mais enfin on écrit. Lagardère traça ainsi quelques mots ; puis, toujours à l’aide de son ardillon, il descella un des carreaux de sa cellule.

Il ne s’était pas trompé. Deux cachots étaient au-dessous du sien.

Dans le premier, le petit marquis de Chaverny, toujours ivre, dormait comme un bienheureux.

Dans le second, Cocardasse et Passepoil, couchés sur leur paille, philosophaient et disaient d’assez bonnes choses, tant sur l’inconstance du temps que sur la capricieuse versatilité de la fortune.

Ils avaient pour toute provende un morceau de pain sec, eux qui avaient soupé la veille avec un prince. Cocardasse junior passait encore de temps en temps sa langue sur ses lèvres au souvenir de l’excellent vin qu’il avait bu. Quant à frère Passepoil, il n’avait pu fermer les yeux