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LE BOSSU.

Les cachots ou plutôt les cellules étaient proprettes et carrelées, comme presque tous les appartements bourgeois d’alors. On voyait bien que la détention n’y pouvait être que provisoire, et, sauf les gros verrous des portes qu’on avait sans doute replacés tels quels, rien n’y sentait la prison d’État.

En mettant Lagardère sous clef, le geôlier lui déclara qu’il était au secret. Lagardère lui proposa vingt ou trente pistoles qu’il avait sur lui pour une plume, de l’encre et une feuille de papier. Le geôlier prit les trente pistoles et ne donna rien en échange. Il promit seulement d’aller les déposer au greffe.

Lagardère, enfermé, resta un instant immobile et comme accablé sous ses réflexions.

Il était là, captif, paralysé, impuissant. Son ennemi avait le pouvoir, la faveur avouée du chef de l’État, la fortune et la liberté.

La séance de nuit avait duré deux heures à peu près. Il faisait jour déjà quand Lagardère entra dans sa cellule. Il avait été de garde au Châtelet plus d’une fois jadis, avant d’entrer dans les chevau-légers du corps. Il connaissait les êtres. Au-dessous de sa cellule, deux autres cachots devaient se trouver.

D’un regard, il embrassa son pauvre domaine :