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LE BOSSU.

Non seulement il se posait en victime de son propre héroïsme, mais encore il infirmait à l’avance le témoignage des trois seules personnes qui pouvaient déposer contre lui : Chaverny, Cocardasse et Passepoil.

Le régent avait aimé cet homme aussi tendrement qu’il pouvait aimer.

Le régent l’avait dans son intimité depuis l’adolescence. Ce n’était pas pour Gonzague une condition favorable, car cette longue suite de rapports intimes avait dû mettre le duc d’Orléans en garde contre la profonde habileté de son ami.

Il en était ainsi en effet. Peut-être que, passant par une autre bouche, les réponses claires et en apparence si précises de Gonzague auraient suffi à établir la conviction du régent.

Le régent avait en lui le sentiment de la justice, bien que l’histoire lui reproche avec raison bon nombre d’iniquités. Il est permis de croire qu’en cette circonstance, le régent retrouvait pour ainsi dire toute la noblesse native de son caractère à cause du solennel et triste souvenir qui planait sur ce procès.

Il s’agissait en définitive de punir le meurtrier de Nevers que Philippe d’Orléans avait chéri comme un frère ; il s’agissait de rendre un