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LE BOSSU.

la table abandonnée par nos joueurs. Ceux-ci étaient presque tous des gens d’âge respectable et haut titrés.

L’un d’eux dit :

— Ce qui est arrivé, je l’ignore ; mais je viens de voir Bonnivet qui faisait doubler les postes par ordre exprès du régent.

— Il y a, reprit un autre, deux compagnies de gardes françaises dans la cour aux Ris…

— Et le régent n’est pas abordable !

— Machault est aux cent coups !

— M. de Gonzague lui-même n’a pu obtenir un traître mot.

Nos joueurs se prirent à écouter, mais les nouveaux venus baissèrent aussitôt la voix.

— Il va se passer ici quelque chose, dit Chaverny, j’en ai le pressentiment.

— Demandez au sorcier, fit Nocé en riant.

Le petit homme noir le salua d’un air tout aimable.

— Positivement, dit-il, — quelque chose… mais quoi ?

Il essuya son binocle avec soin.

— Positivement, positivement, reprit-il ; — quelque chose… quelque chose de fort inattendu… Eh ! eh ! eh !… s’interrompit-il en donnant à sa voix stridente et grêle un accent