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LE BOSSU.

Je ne puis croire qu’il ait eu dès l’abord l’idée d’épouser l’héritière de Nevers. — Pour cela, quand il passa la frontière, il lui fallait encore attendre quinze ou seize ans : c’est trop. Son premier plan fut, sans aucun doute, de se faire payer quelque énorme rançon : il savait que Nevers et Caylus étaient riches.

Moi qui l’ai poursuivi sans relâche depuis la nuit du crime, je sais chacune de ses actions : il avait fondé tout simplement sur la possession de l’enfant l’espoir d’une grande fortune.

Ce sont mes efforts mêmes qui l’ont porté à changer de batteries. Il dut comprendre bien vite, à la manière dont je menais la chasse contre lui, que toute transaction déloyale était impossible.

Je passais la frontière peu de temps après lui et je l’atteignis aux environs de la petite ville de Venasque en Navarre. Malgré la supériorité de notre nombre, il parvint à s’échapper, et prenant un nom d’emprunt, il s’enfonça dans l’intérieur de l’Espagne.

Je ne vous dirai point en détail les rencontres que nous eûmes ensemble. — Sa force, son courage, son adresse tiennent véritablement du prodige… Outre la blessure qu’il me fit dans les fossés de Caylus, tandis que je défendais mon malheureux ami…