Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/501

Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
LE BOSSU.

Le régent fit un geste d’impatience. — Gonzague reprit :

— Vous trouvez que je me vante, n’est-ce pas ?… écoutez donc mon histoire, monseigneur, vous qui fûtes mon ami, mon frère, comme vous fûtes l’ami et le frère de Nevers… Écoutez-moi, attentivement, impartialement : je vous choisis pour arbitre… non pas entre madame la princesse et moi, Dieu m’en garde : contre elle je ne veux point gagner de procès… non point entre moi et cet aventurier de Lagardère… je m’estime trop haut pour me mettre avec lui dans la même balance… mais entre nous deux, monseigneur… entre les deux survivants des trois Philippe… entre vous, duc d’Orléans, régent de France ayant en main le pouvoir quasi royal pour venger le père, pour protéger l’enfant, — et moi, Philippe de Gonzague, simple gentilhomme, n’ayant pour cette double et sainte mission que mon cœur et mon épée… je vous prends pour arbitre, et quand j’aurai achevé, je vous demanderai, Philippe d’Orléans, si c’est à vous ou à Philippe de Gonzague que Philippe de Nevers applaudit et sourit là-haut aux pieds de Dieu !