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LE BOSSU.

loyal… tâche que ta parole les dissipe : je t’écoute.

— Monseigneur veut-il me faire la grâce de me dire quels sont les soupçons qu’il a eus ?

— Il y en a d’anciens… il y en a de nouveaux.

— Les anciens d’abord, si monseigneur daigne y consentir…

— La veuve de Nevers était riche… tu étais pauvre… Nevers était notre frère…

— Et je n’aurais pas dû épouser la veuve de Nevers ?

Le régent remit la tête sur le coude et ne répondit point.

— Monseigneur, reprit Gonzague qui baissa les yeux, je vous l’ai dit : nous avons trop raillé… ces choses de cœur sonnent mal entre nous…

— Que veux-tu dire ?… explique-toi.

— Je veux dire que s’il est en ma vie une action qui me doive honorer, c’est celle-là… Notre bien-aimé Nevers mourut entre mes bras, vous le savez, je vous le dis… vous savez aussi que j’étais au château de Caylus pour fléchir l’aveugle entêtement du vieux marquis… la chambre ardente, dont je vais parler tout à l’heure, m’a déjà entendu comme témoin, ce matin…

— Ah !… interrompit le régent, et dis-moi