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LE BOSSU

si l’on danse, les violons ne manqueront pas !

Pendant cela, Oriol et ses compagnons faisaient irruption dans la chambre de Gonzague, où maître Griveau aîné, notaire royal, dormait paisiblement sur un sofa, auprès d’un guéridon supportant les restes d’un excellent souper.

Je ne sais pas pourquoi notre siècle s’est acharné contre les notaires. Les notaires sont généralement des hommes propres, frais, bien nourris, de mœurs très douces, ayant le mot pour rire en famille et doués d’une rare sûreté de coup d’œil au whist. Ils se comportent bien à table ; la courtoisie chevaleresque s’est réfugiée chez eux ; ils sont galants avec les vieilles dames riches, et certes peu de Français portent aussi bien qu’eux la cravate blanche, amie des lunettes d’or.

Le temps est proche où la réaction se fera. Chacun sera bientôt forcé de convenir qu’un jeune notaire blond, grave et doux dans son maintien et dont le ventre naissant n’a pas encore acquis tout son développement, est une des plus jolies fleurs de notre civilisation.

Maître Griveau aîné, notaire-tabellion-garde-note royal et du Châtelet avait l’honneur d’être en outre un serviteur dévoué de M. le prince de Gonzague. C’était un bel homme de quarante