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LE BOSSU.

C’était un mariage valable qu’il fallait à M. de Gonzague, un mariage qui donnait droit sur l’épouse à l’époux.

De telle sorte que la volonté de l’époux pût rendre indéfini l’exil de l’épouse.

Gonzague avait dit vrai : il n’aimait pas le sang. Seulement quand les autres moyens faisaient défaut, le sang ne forçait jamais Gonzague à reculer.

Un instant, l’aventure de cette nuit avait mal tourné. Tant pis pour Chaverny ! mais depuis que le bossu s’était mis en avant, les choses prenaient une physionomie nouvelle et meilleure.

Le bossu était évidemment de ces hommes à qui on peut tout demander.

Gonzague l’avait jugé d’un coup d’œil. C’était un de ces êtres qui font volontiers payer à l’humanité l’enjeu de leur propre misère et qui gardent rancune aux hommes de la croix que Dieu a mise comme un fardeau trop lourd sur leurs épaules.

Les bossus sont méchants ; les bossus se vengent.

Les bossus ont souvent le cœur cruel, l’esprit robuste, parce qu’ils sont en ce monde comme en pays ennemi.