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LE BOSSU

L’orage ne soufflait point de là. L’orage venait de l’hôtel de Gonzague.

Ce long, ce triste drame des dix-huit années de mariage forcé, allait avoir peut-être son dénoûment.

Quelque chose remuait derrière les draperies noires de l’autel où la veuve de Nevers faisait dire chaque matin l’office des morts.

Parmi ce deuil sans exemple, un fantôme se dressait.

Le crime présent n’aurait point trouvé créance à cause même de cette foule de témoins, tous complices.

Mais le crime passé, si profondément qu’on l’ait enfoui, finit presque toujours par briser les planches vermoulues du cercueil.

Madame la princesse de Gonzague répondit à ses illustres conseils que M. le régent s’était enquis des circonstances de son mariage, et de ce qui l’avait précédé. Elle ajouta que M. le régent lui avait promis de faire parler ce Lagardère, fallût-il employer la question !

On se rejeta sur ce Lagardère avec le secret espoir que la lumière viendrait par lui, car chacun savait ou se doutait bien que ce Lagardère avait été mêlé à la scène nocturne qui, vingt ans auparavant, avait ouvert cette interminable tragédie.