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LE BOSSU.

— Bravo ! l’ami… nous donneras-tu ta recette ?

— Elle est à vendre, monseigneur, répliqua le bossu.

— Et cela tiendrait-il jusqu’au mariage ?

— Jusqu’au mariage, oui… mais pas au-delà.

— Combien le vends-tu, ton talisman, bossu ? s’écria Oriol.

— Presque rien… mais il faut pour s’en servir une denrée qui coûte cher.

— Quelle denrée ? demanda encore le gros petit financier.

— De l’esprit, répondit Ésope II. — Allez donc d’abord au marché, mon gentilhomme.

Oriol fit le plongeon dans la foule. On battit des mains. Choisy, Nocé, Navailles entourèrent dona Cruz et l’interrogèrent avidement.

— Qu’a-t-il dit ?… Parlait-il latin ?… Avait-il à la main quelque fiole ?

— Il parlait hébreu ! répondit la gitanita qui se remettait par degrés.

— Et cette jolie fille le comprenait ?…

— Couramment… il a fourré sa main gauche dans son sein et en a tiré quelque chose qui ressemblait… comment dirais-je ?

— À une corne de bouc ? à un miroir magique ? à un grimoire ?