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LE BOSSU.

pour faire taire les répugnances de cette charmante enfant !

— Cinq minutes ! se récria-t-on ; comme il y va !… On ne peut pas lui refuser cela, monseigneur !

Gonzague gardait le silence. — Le bossu s’approcha de lui tout à coup et lui dit à l’oreille :

— Monseigneur, on vous observe !… vous puniriez de mort celui qui vous trahirait comme vous vous trahissez vous-même !

— Merci, l’ami, répondit le prince qui changea de visage ; l’avis est bon… nous aurons décidément un gros compte à régler ensemble… et je crois que tu seras grand seigneur avant de mourir ! — Messieurs, reprit-il, je songeais à vous… Nous avons gagné cette nuit une terrible partie… Demain, suivant toute apparence, nous serons au bout de nos peines… mais il ne faut pas échouer en entrant dans le port… Pardonnez ma distraction et suivez-moi.

Il s’était fait un visage riant. Toutes les physionomies s’éclairèrent.

— N’allons pas trop loin, dirent ces dames ; il faut jouir du coup d’œil !

— Dans la galerie ! opina Nocé ; nous laisserons la porte entre-bâillée.

— En besogne, Jonas !… Tu as le champ libre !