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LE BOSSU.

ce qu’il fallait de force pour rompre leur chaîne, Aurore seule était calme.

Aurore avait cette douce et radieuse beauté, cette tristesse profonde, mais résignée, de la sainte qui subit son épreuve suprême sur cette terre de deuil et qui déjà regarde le ciel.

La main de Gonzague s’était tendue vers les fleurs, mais la main de Gonzague retomba.

Cette situation le prenait à l’improviste. Il s’était attendu à une lutte quelconque, à la suite de laquelle ces fleurs données ostensiblement à la jeune fille eussent scellé la complicité de ses adhérents.

Mais en face de cette belle et douce créature, la perversité de Gonzague s’étonna. Ce qui restait de cœur au fond de sa poitrine se souleva. — Le comte Canozza était un homme.

Le bossu fixait sur lui son regard étincelant.

Trois heures de nuit sonnèrent à la pendule.

Au milieu du profond silence, une voix s’éleva derrière Gonzague.

Il y avait là un coquin dont le cœur desséché ne pouvait plus battre. M. de Peyrolles dit à son maître :

— Le tribunal de famille se rassemble demain…

Gonzague détourna la tête et murmura :

— Fais ce que tu voudras.