Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/418

Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
LE BOSSU.

Elle montrait le bossu qui faisait bonne contenance au milieu du groupe des courtisans.

— Mademoiselle de Nevers, répondit Gonzague, — votre rôle en tout ceci est fini… si vous êtes en humeur de déserter vos droits, je suis là, Dieu, merci, pour les sauvegarder… Je suis votre tuteur… Ceux qui nous entourent appartiennent tous au tribunal de famille qui s’est rassemblé hier en mon hôtel… C’en est presque la majorité… Si j’eusse écouté l’avis général, peut-être me serais-je montré moins clément envers une imposture hardie, effrontée… mais j’ai jugé suivant la bonté de mon cœur et les tranquilles habitudes de ma vie… Je n’ai point voulu donner une portée tragique à des choses qui sont du domaine de la comédie.

Il s’arrêta. — Dona Cruz ne comprenait point : ces paroles étaient pour elle de vains sons.

Peut-être Aurore comprenait-elle mieux, car un sourire triste et amer vint autour de ses lèvres.

Gonzague promena son regard sur l’assemblée. Tous les yeux étaient baissés, sauf ceux des femmes qui écoutaient curieusement et ceux du bossu qui semblait attendre impatiemment la fin de cette homélie.

— Je parle ainsi pour vous seule, mademoiselle