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LE BOSSU.

— Est-il heureux, ce diable de bossu !

C’était l’avis de frère Passepoil qui rentrait en compagnie de Cocardasse, son noble ami. Mais ce premier mouvement de convoitise fit place à l’étonnement quand il reconnut, ainsi que Cocardasse, les deux jeunes filles de la rue du Chantre.

La jeune fille que le Gascon avait vue au bras de Lagardère à Barcelone, la jeune fille que frère Passepoil avait vue au bras de Lagardère à Bruxelles.

Ils n’étaient ni l’un ni l’autre dans le secret de la comédie : ce qui allait se passer restait pour eux un mystère. — Mais ils savaient qu’il allait se passer quelque chose d’étrange.

Ils se touchèrent le coude. Le regard qu’ils échangèrent voulait dire : Attention !

Ils n’avaient pas besoin d’éprouver leurs rapières pour savoir qu’elles ne tenaient point au fourreau.

À un coup d’œil que le bossu lui lança, Cocardasse répondit par un léger signe de tête.

— Eh donc ! grommela-t-il en s’adressant à Passepoil, — il veut savoir si sa lettre est remise ; — nous n’avions pas loin à courir.

Dona Cruz cherchait des yeux Chaverny.

— Peut-être que le prince a changé d’avis…,