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LE BOSSU.

— Ah !… fit encore Gonzague, en quoi cela te donne-t-il un avantage sur Chaverny ?

La figure du bossu se rembrunit légèrement.

— Ma femme était belle, prononça-t-il en baissant la voix ; très-belle !

— Et jeune ? demanda Gonzague.

— Toute jeune… son père était pauvre.

— Je comprends… l’aimais-tu ?

— À la rage !… mais notre union fut courte.

La figure du bossu devenait de plus en plus sombre.

— Combien de temps dura votre ménage ? interrompit Gonzague.

— Deux nuits et un jour, répondit Ésope II.

— Voilà qui est étrange !… explique-toi.

Le petit homme eut un rire forcé.

— Pourquoi m’expliquer, si vous me comprenez ?… murmura-t-il.

— Je ne te comprends pas, fit le prince.

Le bossu baissa les yeux et sembla hésiter.

— Après tout, dit-il, je me suis peut-être trompé… Vous n’aviez peut-être besoin que d’un Chaverny !

— Explique-toi, te dis-je ! répéta impérieusement Gonzague.

— Avez-vous expliqué l’histoire du comte Canozza ?