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LE BOSSU.

— Pourquoi pas, mon brave ?

Cette Nivelle, affable et pleine d’aménité, ne repoussait jamais les gens du commun quand ils avaient la poche garnie.

Chaverny fit un suprême effort pour lever son verre. Le vidrecome plein s’échappa de sa main tremblante, à la grande indignation de Cocardasse.

As pas pur ! grommela-t-il, on devrait mettre en prison ceux qui perdent le vin.

— À recommencer ! dirent les tenants de Chaverny.

Le bossu offrit galamment son vidrecome qu’on remplit.

Mais les paupières de Chaverny se prirent à battre comme les ailes de ces papillons martyrs que les enfants clouent à la tapisserie avec une épingle. C’est la fin.

— Tu faiblis, Chaverny ! s’écria Oriol.

— Chaverny, tu pâlis ! ajouta Navailles.

— Chaverny ! tu chancelles ! Chaverny, tu t’en vas !

— Hourra ! le petit homme !… vive Ésope II !

— Portons le bossu en triomphe !

Ce fut un tumulte général, puis un grand silence.

On avait cessé de soutenir Chaverny.

Son corps se prit à vaciller sur le fauteuil,