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LE BOSSU.

— Je ne sais pas ce qu’il vous a dit, reprit Aurore ; mais il a dû mentir.

— Pourquoi supposes-tu cela, petite sœur ?

— Parce que, s’il avait dit vrai, tu ne viendrais pas me chercher, ma Flor chérie !

— Quelle est donc la vérité ?… Tu me rendras folle !

Il y eut un silence, pendant lequel Aurore sembla rêver, le front appuyé contre le sein de sa compagne.

— As-tu remarqué, dit-elle, ces bouquets de fleurs qui ornent la table ?

— Oui… de belles fleurs.

— Et Gonzague ne t’a-t-il pas répété : — Si elle refuse, elle sera libre !

— Ce sont ses propres paroles.

— Eh bien, poursuivit Aurore en posant sa main sur celle de dona Cruz, c’était ce Gonzague qui parlait quand j’ai regardé par le trou de la serrure… Les convives l’écoutaient immobiles, muets, tous la pâleur au front. J’ai mis mon oreille à la place de mon œil… J’ai entendu…

Un bruit se fit du côté de la porte.

— Tu as entendu ?… répéta dona Cruz.

Aurore ne répondit point. La figure blême et doucereuse de M. de Peyrolles se montrait sur le seuil.