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LE BOSSU.

rit au réveil aux chimères dorées d’un beau songe.

— Ma petite sœur, reprit-elle, tu es Aurore de Nevers ; je le crois… Et il n’y a pas beaucoup de duchesses pour avoir des filles comme toi… Mais tu as prononcé tout à l’heure des paroles qui m’inquiètent et qui me font peur.

— Quelles paroles ? demanda Aurore.

— Tu as dit, répliqua dona Cruz : — D’autres se chargeront de ma délivrance !…

— J’oubliais… fit Aurore ; j’étais donc ici toute seule, la tête pleine et brûlante… C’est la fièvre sans doute qui m’a donné ce courage… Je suis sortie de cette chambre… J’ai pris le chemin que tu m’avais montré… l’escalier dérobé, le couloir… et je me suis retrouvée dans ce boudoir où nous étions toutes deux naguère… Je me suis approchée de la porte derrière laquelle ces hommes t’appelaient, le bruit avait cessé. J’ai mis mon œil à la serrure. Il n’y avait plus aucune femme autour de la table.

— On nous avait éloignées… dit dona Cruz.

— Sais-tu pourquoi, ma petite Flor ?

— Gonzague nous a dit… commença la gitanita.

— Ah ! fit Aurore en frissonnant, cet homme qui semblait commander aux autres, c’était donc Gonzague ?

— C’était le prince de Gonzague.